12 févr. 2012

Il était temps ...

Ça y est, je craque. Il était temps. Toutes ces larmes que j'ai retenu bien trop longtemps.
Lorsque j'ai dit au revoir à Bob et Baba à travers les vitres de la salle d'embarquement à Bissau je n'ai pas pleuré. Lorsque j'ai embarqué je n'ai pas pleuré. Lorsque je suis rentrée je n'ai pas pleuré. Je devais être tellement triste que je n'arrivais pas à sortir aucune émotion.
Aujourd'hui je suis là. Et comme je m'étais dis avant de partir, "quand tu reviendras rien n'aura changé, tu déplaces le problème". Je l'ai déplacé le problème. Je ne l'ai pas déplacé, je l'ai laissé là, et moi, je suis partie pour ne plus le voir, pour ne plus m'y confronter. Mais je reviens, et il est encore là. Lui n'est plus là, le problème est encore là. Vient se rajouter à ma tristesse l'impression d'être passé à côté de quelques chose en Guinée Bissau. Je suis rentrée pour être sérieuse. Pour construire mon avenir. Pour passer enfin mon permis. Pour repartir dans la vie la tête haute. Je l'avais la tête haute là bas. Le bien être en plus. J'étais juste loin du problème. Donc près du bien être, tout contre, chaque jours. Ce bien être qui m'appel aujourd'hui. Chaque jours, de plus en plus fort. Tout était changé. Le lieu, les habitudes, les jeux... Je n'avais plus cet espèce de manque qui me colle à la peau. Cet absence. Ce vide. Aujourd'hui j'ai deux vides. Deux bon gros vides. Alors je pense. Je pense aux sourires des Guinéens, à "Je te tiens tu me tiens par la barbichette" avec Baba, aux "Ciao Ciao" de Pierre, au sourire de Nathan, à la douceur de Khady, et l'élégance de Fanta... et plus j'y pense, plus je pleure et me demande ce que je fais là? Je sais ce que je fais là. Je le sais bien. Je dois être là. C'est une bonne chose. Je ne dois pas me précipiter. Mais j'ai cette étrange impression que si je reste trop longtemps ici, là bas, ça ne sera plus possible. Que le temps va s'échapper. Que le temps ne me laissera pas repartir. Qu'il ne me le permettra pas.
Je me répète chaque jours "sois positive". Je le suis. J'essai. Je sais ce qui me donne envie d'avancer. Je connais ma grande motivation. Mais j'ai peur que le temps laisse place à de nouvelles motivations. Des motivations raisonnables. Que je ne souhaite pas tant que ça. Mais qui sont raisonnables. Puis je ne veux pas devenir comme mon père. Alors je dois trouver un juste milieu. C'est ce milieu là qui me pose problème.
Cette sensation d'être moi, entière; ce sentiment chaque matin qu'une nouvelle journée encore plus belle commence; ces éclats de rires; mes sourires; leurs sourires; cette incontrôlable envie d'aller vers les autres que je n'ai pas ici; le pouvoir que détient de simples regards lorsque la barrière de la langue est trop importante; cette curiosité; ce temps qui s'arrête, qui se fige, dans chaque instant de bonheur; cette simplicité; ces longs temps de poses à ne penser à rien d'autre que d'être bien; ces heures de réflexion sur ce que je voudrais vraiment; [Mince, mais qu'est ce que je fais là!?]
Je devrais dormir à cette heure ci.
Il faut d'abord que j’assomme mon esprit avec un Replay d'M6 ou TF1. Là bas, je n'ai jamais eut besoin de m'assommer l'esprit pour pouvoir trouver le sommeil. J'avais beau être en colère pour n'importe quelle raison, être excitée, être préoccupée, être anxieuse; jamais j'ai eut du mal à trouver le sommeil. Jamais j'ai redouté ce moment où j'éteindrais la lumière et me retrouverai seule avec mes pensées. Jamais j'ai eu cette peur d'éteindre l'ordi puis de penser. Juste penser. Me tourmenter.



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